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…Le méchant Loup se jeta sur le Petit Chaperon Rouge…

Ferdinand Boutard
    ferdi@ferdiferdi.com
    75008 PARIS
    site

Professionnel du cinéma d’animation, Ferdinand Boutard est entré en peinture comme on entre en religion. Grand admirateur des peintres classiques, notamment du Caravage, de Velázquez, Vermeer, Egon Schiele et Norman Rockwell, il a conservé de ces modèles anciens la pratique, désormais désuète, de la peinture à l’huile sur panneau de bois. Sa gageure est de remettre un certain classicisme au goût du jour en réconciliant humour, rigueur et perfection technique.
     Ses premiers travaux revisitaient les grands classiques de la peinture en les actualisant. La Buveuse d’absinthe de Degas consulte son ordinateur portable. Le Portrait de M. Imbert d’Ingres devient un post-soixante-huitard hirsute et ventripotent en short. Le Joseph Charpentier de de La Tour recourt à une perceuse électrique pour assembler ses planches. La Joueuse de guitare de Vermeer, en minijupe, joue d’un instrument électrifié près d’un poste de radio des années 1960.
     Dans ses travaux présentés à l’automne 2016, Ferdinand Boutard s’était affranchi de ces modèles anciens pour en proposer d’autres, plus actuels. Dans la série The Way Back, des jeunes femmes faisaient un arrêt-pipi, de nuit, en bordure de route, dans le faisceau lumineux des phares de leur voiture. Le décalage entre la trivialité du sujet et la splendeur de la technique utilisée ne pouvait que susciter un immense éclat de rire… Rire salutaire en ces temps de crispation généralisée…
     Un an plus tard, il revient avec une relecture contemporaine de l’histoire du Petit chaperon rouge de Charles Perrault, transposée dans le contexte d’une banlieue de grande métropole, hantée par l’insécurité, la nuit. Le loup devient loubard, le petit chaperon rouge se mue en jeune femme, taraudée par la peur, portant un imperméable rouge, la grand-mère en retraitée dont les économies suscitent la convoitise. L’intérieur d’une voiture en stationnement sert de cadre au huis-clos de la dernière scène, violente, qui suggère un viol imminent, dans un cadrage cinématographique caravagesque.

LD