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Sans titre

Jean-Philippe Brunaud
    jphbrunaud@free.fr
    93260 LES LILAS
    site

Depuis longtemps, les images de Jean-Philippe Brunaud incitent l’œil à caresser la surface des choses, à se substituer à un propos narratif absent, pour ne révéler, dans une démarche ontologique, que la peinture dans son essence : une seconde peau posée sur la première peau de la toile. La notion de mutation organique est au centre de son propos, la peau de la peinture devant une métaphore de la peau humaine. Le corps a disparu, mais sa présence reste intacte, même si elle se matérialise par des assemblages de fragments de paysages provenant d’univers distants enchevêtrés, juxtaposés ou fusionnés, créant des univers qui peuvent être mouvants, déstabilisants, étranges, angoissants, accueillants ou hostiles…
     Plus récemment, la narration est revenue à la surface, avec sa série Tired Ghost. Elle trouve son origine dans une toile figurant un ermite quittant une forêt dans laquelle il a toujours vécu. Lassé des fantômes qui la peuplent, il décide de sortir de sa réclusion pour leur échapper. Jean-Philippe Brunaud s’exprime : « Ces fantômes invisibles de par leur nature, prennent donc corps à travers les créations. Le temps passant et le travail se faisant, une histoire s’est écrite. Après avoir risqué un génocide, ces derniers sortent de l’ombre pour réclamer le droit d’exister. Ils rejoignent notre actualité lorsque dans la rue, des manifestations appellent au changement des valeurs de ce monde. Mais passé ce moment de conscience collective et chacun retournant à ses occupations, ce désir, bien réel et tellement difficile à obtenir, est finalement oublié. Alors se pose la question de savoir si nous ne sommes finalement pas les fantômes de notre vie ? »
     Sincérité, sensualité, étrangeté, invitation au voyage sont toutes conviées au constat de la défaite de l’humanité résignée face à un environnement conquérant. L’invitation à pénétrer l’intimité de ce qui est donné à voir se heurte, in fine, à ce constat d’échec. À ce point, la narration s’arrête et la peinture ne tient plus que pour ce qu’elle est : la définition de Maurice Denis : « une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. »…

LD