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Périphérie colorée

Christophe Dalecki
    christophe.dalecki@orange.fr
    63000 CLERMONT-FERRAND
    site

Christophe Dalecki hante les quincailleries, les magasins de bricolage et les supermarchés, ne s’intéressant qu’aux objets en matière plastique. Il les assemble, sans recours à d’autres substances, pour réaliser des installations qui copient, non sans ironie, la nature. Il peut nous offrir d’imposantes végétations avec des plantes que l’on imagine carnivores, foisonnantes, proliférantes, effrayantes, ou, à l’opposé, de petites compositions pleines de tendresse ou des calembours visuels. Il faut cependant se méfier. Le propos de l’artiste va au-delà du simple exercice de style ou de l’amusement gratuit. Il est subversif en ce qu’il recourt aux matières plastiques, réputées vulgaires et polluantes, pour reconstruire une nature habituellement considérée comme idyllique et pure, surtout par des citadins qui ne quittent jamais la ville… L’artiste nous place en face de nos contradictions et de nos incohérences, dynamitant un certain nombre de préjugés, de truismes formulés dans la langue de bois des bien-pensants, de formules intellectuelles trop confortables pour être véritablement sincères. Les objets utilisés par Christophe Dalecki sont souvent neufs. Ils sont, pour lui, ce que les tubes de peinture sont au peintre : un matériau de base. Rien de plus. Il n’y a, dans sa démarche, aucune tentative de rédemption de l’objet délaissé, que le geste créateur de l’artiste transfigurerait.
Son installation Périphérie colorée résulte de sa fréquentation assidue des zones périphériques ou périurbaines. Dans les premières, il a y été frappé par le hiatus entre des zones commerciales déshumanisées avec leurs nombreuses enseignes colorées et une nature dénaturée servant tristement de décor ou de respiration. Il y récupère des plaques publicitaires ou promotionnelles en polypropylène alvéolaire offrant une variété d’impressions et de graphismes colorés. Dans les zones périurbaines, où villes et campagnes se côtoient de manière plus ou moins heureuse, bien souvent sans plan préétabli, il note que certains éléments de la culture urbaine, notamment les graffitis, irradient sur des paysages de moins en moins champêtres.
L’installation résulte de la confrontation de ces deux univers : réaliser des découpes dans les plaques de polypropylène, en utilisant les aspects graphiques et colorés de ces éléments pour réaliser un ensemble de petites maisons stylisées et uniformes, disposées au sol sur un tapis de disques de polypropylène tout aussi colorés. L’homogénéité des formes choisies (une seule dimension pour les disques et une seule pour les maisons) évoque la monotonie périphérique. L’importance et l’exclusivité du matériau synthétique renvoient à l’invasion de ce dernier dans ces zones urbaines, périurbaines et au-delà. Quant à l’aspect excessivement coloré de l’ensemble, presque difficile à regarder dans le détail tellement les couleurs se chevauchent anarchiquement, il évoque l’idée de frontières, de limites floues… Ici les sens se troublent, le sens se perd…

LD