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Téléfante

Olivier Cazenove
    oliviercazenove@yahoo.fr
    85100 LES SABLES-D’OLONNE
    site

Olivier Cazenove s’intéresse à des banalités mais ces banalités n’ont rien de bien normal. Ou, plutôt, sous son action, elles deviennent monstrueuses, tératologiques. Rendre anormale – donc digne d’intérêt – la normalité, telle semble être la mission de déstabilisation systématique qu’Olivier Cazenove s’est fixée. Dans ce projet aussi déraisonnable que subversif, pour tenter de domestiquer un désespoir que l’on devine existentiel, il invente des possibles pour repousser à la fois banalité et nécessité.
     Ces possibles portent un faisceau d’interrogations douloureuses et ontologiques, ancrées dans la banalité d’un quotidien apparemment insignifiant mais, en réalité, angoissant, anxiogène. La réponse apportée par l’artiste à ces questionnements universels n’a rien d’univoque, bien au contraire. En guise de linéament de solution, il nous livre des propositions à interprétations multiples, prenant un malin plaisir à multiplier les ambiguïtés. Quand la lecture de l’œuvre risque de devenir trop évidente, un détail d’abord insoupçonné, un propos contrariant ou une posture contradictoire brouille les pistes et éloigne le spectateur de toute certitude, aussi vacillante soit-elle, de toute velléité de retrouver une assise stable…
     Les dessins d’Olivier Cazenove s’inscrivent pleinement dans une tradition européenne, résultant d’un processus d’hybridation de sources les plus diverses. Son trait est incisif, comme celui d’un graveur, mais il est aussi tremblant, fluctuant, mouvant, faussement maladroit, parfois dédoublé, toujours insidieux. Un parallèle avec l’écriture de Daumier s’impose. Les mises en page, les déformations des corps, les jeux de miroirs trouvent leurs racines dans la tradition espagnole. La représentation d’une sexualité délirante, sans la moindre inhibition, emprunte, elle, à la culture. De façon assez paradoxale, l’art religieux a aussi laissé des traces sur le travail de notre artiste. Du côté de la littérature, ses modèles sont à chercher du côté de la puissance jubilatoire, excessive, explosive de Rabelais et de Bataille, de Sade et des romans picaresques espagnols, des limericks d’outre-Manche et du Choderlos de Laclos des Liaisons dangereuses.
     Pour macparis printemps 2017, Olivier Cazenove a proposé de meubler l’imposant escalier qui mène à la mezzanine en dissimulant les casiers qui servaient, autrefois, à stocker des pièces de quincaillerie par des plaques de PVC peint et de caoutchouc gravé.

LD