Première page (f) Page précédente (p) Planches contact (vignettes) Page suivante (n) Dernière page (l)
_MALARDENTI.jpg

Oublié N° 3

Julien Malardenti
    malardenti@wanadoo.fr
    49460 ÉCUILLÉ
    site

Julien Malardenti a longuement regardé la peinture baroque et, plus particulièrement, celles des maniéristes et du Tintoret. Elle irrigue ses productions, qu’elles soient en noir et blanc ou en couleur, sur toile ou sur papier. Ses figurations du corps humain, d’animaux, de drapés, de paysages, de natures mortes ou de mobilier ne sont pas des reproductions de ces éléments mais des élaborations d’images qui mêlent réalité, souvenirs et fantasmes. Elles subissent des déformations qui s’affranchissent délibérément des conventions de la représentation et de l’harmonie, au seul profit de l’incarnation de ses états émotionnels, de son expérience plus ou moins cruelle ou désabusée de la vie. La figure de l’homme et l’évocation de son environnement y sont fréquents mais toujours transformés par la leçon des épreuves et sensations du propre corps de l’artiste, passés au crible de règles occultes dont seul il a la clé. Cette combinaison de distanciation et d’appropriation confère à ses images une présence autre, une aura, au sens où Walter Benjamin l’entendait. Des sujets sans intérêt intrinsèque se muent ainsi en acteurs d’un autre-côté-du-miroir irréel, improbable, intouchable, énigmatique…
     Ses grandes toiles de la série des Oubliés sont emblématiques à cet égard. On y voit un singe observant ou désignant d’une de ses pattes un drapé, le tout dans un paysage dont on ne saurait dire s’il s’agit d’une jungle, d’une friche industrielle ou d’un jardin d’une demeure de la banlieue d’une métropole… À moins qu’il ne s’agisse d’une tapisserie… Peut-être sur un carton de Jean-Baptiste Oudry…
     Plongeon, dans ses deux versions, en couleurs et en noir et blanc, revisite le mythe d’Icare, magnifiant un minuscule détail de la célèbre composition de Bruegel sur la Chute d’Icare. Julien Malardenti écrit, à ce sujet : « Le musée imaginaire est toujours présent et le souvenir d’un tableau de Bruegel, par exemple, se mélange naturellement au paysage intérieur ; ma peinture n’a de sens que si elle parvient à le faire exister. » N’est-ce pas cela-même l’essence de la création plastique ?

LD