Première page (f) Page précédente (p) Planches contact (vignettes) Page suivante (n) Dernière page (l)
02Erwan BALLAN.jpg

Sans titre, 2017
peinture acrylique sur papier, carton, 60 x 50 cm

Erwan BALLAN
    erwanballan@yahoo.fr
    75019 PARIS

Pendant quinze ans, Erwan Ballan a pratiqué une abstraction colorée et matiériste, recourant à des matériaux non conventionnels : silicones, verre, matières plastiques, métaux… Malgré le succès croissant rencontré par ses productions, il a ressenti une forme d’usure qui s’est progressivement muée en une stérilité qui le poussait à se répéter lui-même. Il a eu le courage de déplaire à ses galeristes et collectionneurs en changeant radicalement de voie. Il a commencé par tenter de décrire, dans une démarche volontairement narrative, la lente dégradation de sa pratique abstraite, de son inspiration.
     Pour ce faire, il convoque des images et des objets pauvres et recourt à la métaphore, amère, parfois tragique, souvent comique. Brouillant délibérément les références historiques, il nous livre sa relecture de l’opposition manichéenne entre les gentils et les méchants de l’univers de l’abstraction. Les premiers sont figurés comme les yankees et les seconds comme les Indiens, à la manière des westerns de série B. Selon lui, « les soldats bleus sont les ordonnateurs d’un monde géométrique, chantres de la Raison raisonnante, du positivisme et de l’analyse du langage. Les Peaux-Rouges sont les victimes et les ouvriers forcés de cette entreprise. » Et de poursuivre « Je me souviens ainsi que des Indiens participèrent à la construction de gratte-ciels américains, que Gropius pensa au Bauhaus en même temps qu’il proposait ses services au IIIe Reich. Je me souviens que Schlemmer, Kandinsky ou Le Corbusier firent de même et que l’utopie moderniste cache dans son ombre cette confusion entre les gentils et les méchants. »
     Les nouveaux travaux d’Erwan Ballan instruisent donc le procès d’une abstraction totalitaire et totalisante qui s’est manifestée pendant la plus grande partie du XXe siècle. C’est aussi, de façon très évidente, le procès de l’artiste placé sur une sorte de bûcher des vanités, écueil de tout humanisme, comme le rappelle la Melancolia de Dürer, à laquelle Erwan Ballan aime se référer…

LD