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Gros porteur, 2017
matière plastique, métal et goudron, 150 x 100 x 80 cm

Christian LEFÈVRE
    lefevrechristian57@gmail.com
    92700 COLOMBES
    site

Christian Lefèvre pratique avec une égale aisance le dessin, la photographie, la sculpture et l’installation. Il privilégie la récupération, le recyclage ou le détournement de matériaux, dans une démarche de double relecture : celle de la statuaire classique et celle de la nature. Par exemple, sa série des Mous, réalisée à partir de toiles de mousse colorées et de bois, peut évoquer, selon les pièces, la dynamique du Balzac de Rodin ou la posture des effigies grecques ou égyptiennes.
     Dans sa relecture de la nature, Christian Lefèvre n’oppose pas le réel à sa représentation, une réalité à son image plus ou moins déformée, mais plutôt deux artefacts, l’un d’eux se comportant comme un semblant et l’autre comme un faux. C’est ainsi que, dans certaines de ses œuvres, les produits de la nature, comme le bois, sont amenés à se muer en produits manufacturés et les rebuts industriels à se substituer à des éléments naturels. De cet échange de rôles, surgit une véritable mise en scène d’une nature redéfinie ou recréée, dans laquelle le travestissement est de rigueur. Le paysage devient ainsi simultanément le support ou la trace d’un geste et la projection ou la mémoire d’une idée ou d’un état.
     Christian Lefèvre se range ainsi à l’opinion de Léonard de Vinci lorsqu’il déclare, dans ses Carnets : « La nécessité est maîtresse et tutrice de la nature » ou bien encore « La nécessité est le thème et l’inventeur, l’éternel courbeur et loi de la nature. » Il place d’emblée le rôle de l’artiste du côté de la nécessité, manifestation de cette natura naturans, chère à Spinoza. C’est donc en tant que démiurge qu’il se comporte, avec comme objectif de (re)créer la nature.
     Son recours à des matériaux de récupération qu’il dévoie de leur finalité initiale vise à bouleverser les habitudes perceptives et les modes de pensée, à banaliser le sublime, à sublimer le banal. C’est aussi, d’une certaine façon, loin de toute tentation mystique, un processus de rédemption, donnant une nouvelle vie à des matériaux – voire à des animaux ou à des végétaux – devenus inutiles, mis au rebut, réputés morts.

LD