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BODAIRE, Arnaud.jpg

La traversée, de la série Memorandi, 2018
assemblage sur plaque d’aluminium, 50 x 40 cm

BODAIRE, Arnaud
    arnaud.bodaire@free.fr
    91400 ORSAY
    site

Les assemblages d’Arnaud Bodaire sont constitués à partir d’éléments récupérés dans son environnement proche : menus objets, images de magazines, traces du quotidien... Après les avoir collectés, il décide d’en choisir certains pour leur potentiel mémoriel et de les associer avec d’autres pour réaliser des compositions, présentées dans des boîtes plates, accrochées au mur. Ces pièces évoquent une multitude de choses, depuis la collection entomologique jusqu’à une relecture, corrosive et/ou ludique, de notre condition humaine. Elles se muent parfois en mécanismes faussement utilitaires dont la finalité échappe totalement à l’observateur.
     Au-delà de la parenté formelle avec les boîtes de Joseph Cornell, c’est plutôt à l’installation La vie impossible de C.B. de Christian Boltanski que ces compositions font écho. Il s’agit, en effet, avant tout, d’un travail sur la mémoire qui questionne les moyens mis en œuvre dans la transmission, pour lutter contre l’oubli. On pourrait, selon les propos d’Arnaud Bodaire, parler de capsules temporelles, de chercher comment laisser une trace de ce qui a existé… Il poursuit : « En effet à travers une mise en scène plastique et visuelle réalisée à partir d’éléments autobiographiques (carte d’autorisation de sortie du territoire pour mineur…), des photographies floues ou ratées tirées de l’album de famille, des objets ou parties que j’ai conservés, des jouets… je propose des fragments de vie, des synoptiques visuels qui pourraient s'apparenter à des autoportraits. »
     Arnaud Bodaire donne une égale importance aux matériaux, aux formes, aux couleurs et à leur capacité expressive, jouant sur des correspondances ou des oppositions latentes, à découvrir par le regardeur. L’équilibre de la composition est tout en tension, souvent proche de la rupture.
     L’artiste s’appuie sur un processus ancien, celui du collage, mis en œuvre avec une volonté de transformation d’objets sans intérêt en acteurs d’une narration qui peut être, selon les cas, critique, expressive, affective ou purement esthétique. Le propos n’est cependant pas clos d’emblée. Il écrit : « nombre de mes créations sont des points de départ et je n’ai pas de certitudes. J’ouvre des pistes que je peux développer, laisser en suspens ou reprendre à différents moments. » C’est donc au spectateur de leur donner leur pleine signification, laquelle est laissée ouverte à la subjectivité de chacun.
     Quels que soient les objets qu’il collecte, l’artiste tente à chaque fois de les transposer dans un contexte différent de leur lieu d’origine, pour leur donner une nouvelle signification. Parfois il les érige en totem à l’aide de tubes d’acier depuis des socles en pierre. Ces objets, autrefois invisibles, font désormais signe de par leur positionnement en suspens. À travers ce dispositif, l’artiste cherche à questionner le monde qui nous entoure.

LD